Lucie nous raconte le suivi de la femme enceinte par une sage-femme libérale.

Témoignage de Lucie, du compte tiktok Lulutérus

Cet article est majoritairement au féminin car la profession de sage-femme est constitué de 98% de femmes ; il est bien évident que nous prenons en compte toutes les personnes de sexe masculin travaillant pour cette même profession. 

Lucie est sage-femme libérale depuis 3 ans. Après son diplôme de sage-femme obtenu en juin 2020 à 25 ans, elle a travaillé en clinique privée et en libéral. Elle s’est finalement installé en libéral à temps plein après son congé maternité. À ce jour, elle cumule pas moins de 17 000 abonnés sur son tiktok @lulutérus, compte où elle parle de sujets autour de la femme, de la grossesse et de la maternité ; elle parle également de l’allaitement du point de vue de la sage-femme mais aussi de son point de vue de maman qui allaite son petit L. depuis 1 an ! 

Aujourd’hui, Lucie va nous expliquer les missions de la sage-femme libérale et particulièrement celles autour de la grossesse et du post-partum.

Tout d’abord, faisons un petit point pour savoir comment devenir sage-femme. En 2023, pour devenir sage-femme, il faut faire la PASS afin de préparer le concours de sage-femme puis effectuer cinq années d’études réalisées en alternance stage/cours. Durant les études, les sages-femmes font différents stages qui leur permettent d’affiner leur choix d’exercice :  soit en milieu hospitalier (en salle de naissances, en maternité, dans un service de suivis de grossesses pathologiques, en maison de naissances, en consultation de grossesses…), soit en libéral, en tant que sage-femme territoriale en PMI, en centre de PMA… Une sage-femme peut passer des DU/DIU comme celui sur les échographies par exemple. 

 Lors de la vie d’une femme, les consultations régulières chez le professionnel de santé sont indispensables pour assurer un suivi gynécologique, ainsi qu’un suivi durant la grossesse. Le médecin et le gynécologue peuvent réaliser ce suivi mais les sages-femmes sont aussi en première ligne pour suivre et dépister différentes pathologies gynécologiques. 

Voici un panel de ce que les sages-femmes peuvent proposer : 

– suivi gynécologique ou de dépistage (choix et suivi de contraception, palpation mammaire), – rééducation du périnée
-suivi de la grossesse non pathologique (préparation à la naissance, échographie, monitoring, post-partum).
– Une sage-femme en libéral peut parfois pratiquer les IVG médicamenteuses si elle est en partenariat avec un hôpital.
– Les sages-femmes ayant eu des diplômes spécifiques peuvent pratiquer d’autres soins : les échographies, l’hypnose, l’haptonomie… 

Le suivi de grossesse par la sage-femme : quoi et pourquoi ?

Pourquoi allez chez une sage-femme plutôt que chez un gynécologue ? Parce que la plupart des grossesse se passe bien et que les sages-femmes  sont spécialistes de la physiologie des femmes. On parle maintenant beaucoup des risques, mais la majorité des grossesses se passent très bien ! 

Par ailleurs, les gynécologues sont en sous-effectif en libéral. Étant aussi formés à la pathologie, il est préférable de laisser les créneaux de suivi de grossesse pour les femmes ayant une grossesse pathologique nécessitant un suivi médical. 

Lucie dit très justement “on ne va pas voir un cardiologue si on n’a pas de souci au cœur ; c’est pareil pour le gynécologue, pourquoi voir un gynécologue si on n’a pas de souci particulier ?” 

La sage-femme libérale peut faire le suivi de grossesse de A à Z. Lucie explique qu’elle ne peut pas faire les échographies car elle n’a pas de diplôme en lien avec l’échographie mais celles qui ont fait une spécialisation le peuvent. 

Par ordre chronologique, on retrouve : 

  • le diagnostic de la grossesse, 
  • l’orientation vers les différents professionnels (pour l’échographie, l’accompagnement par la PMI selon le contexte psychosocial, les assistantes sociales…). 
  • Une visite mensuelle avec prise de tension, prise de poids, mesure des battements du cœur, mesure de l’utérus, prescriptions des examens (prises de sang), conseils liés à la grossesse au niveau de l’alimentation, de l’hygiène de vie, du sport, etc Désormais, la sage-femme peut aussi faire des arrêts de travail. 

Enfin les sages-femmes ont un rôle majeur dans la préparation à la naissance. Ces séances peuvent être réalisées en libéral ou parfois dans la maternité. Les gynécologues ou médecins ne dispensent pas ces séances. 

À la fin de la grossesse, la femme devra tout de même être inscrite dans une maternité (attention aux délais, à Lyon il est préférable de s’inscrire dès la déclaration de grossesse. Vous pouvez suivre vos rendez-vous en libéral en parallèle). Vous aurez aussi le rendez-vous anesthésiste obligatoire, comme détaillé dans cet article.

Lucie nous explique également qu’il n’est pas obligatoire mais conseillé de rencontrer sa future sage-femme dès l’annonce du test positif. Ce rendez-vous permet d’établir un contact, de discuter des désagréments de la grossesse, de connaître les rendez-vous qui vont suivre, avoir les prescriptions de bilans sanguins, parler du métier qu’elle exerce, etc. Ce rendez-vous n’a pas vocation à être médical.

Qu’est-ce que c’est la préparation à la naissance?

Tout d’abord, sachez que ces sept séances remboursées par la sécurité sociale sont différentes de vos rendez-vous mensuels. 

Lucie nous explique que ce n’est pas facile d’expliquer car chaque sage-femme a sa facon de voir les choses selon les expériences personnelles et professionnelles. Beaucoup disent que leur préparation à la naissance change avec le vécu d’une grossesse personnelle. “Il y a autant de préparations à la naissance que de sages-femmes”. 

Lucie dit faire une préparation classique en donnant le maximum d’informations sur ce qu’il va ou peut arriver : quand est-ce que l’on doit aller à la maternité, à quoi ressemble une contraction,  comment est la perte de liquide amniotique, comment savoir si vous êtes en travail, quels sont les motifs d’urgences, le déclenchement, la césarienne, l’allaitement, l’alimentation, le sommeil, les soins, le post-partum et tout ces changements (physiques, psychiques) … 

Certaines sages-femmes font des préparations à la naissance en individuel ou en groupe avec d’autres futurs parents. Mais les séances de préparation sont personnalisées en fonction des besoins (accouchement avec un souhait de péridurale, un allaitement souhaité…).

 Vous pouvez coupler vos séances de préparation à la naissance : n’en faire qu’en libéral, qu’en hospitalier ou les deux ; avec une ou plusieurs sages-femmes qui vont pratiquer différentes choses (sophrologie, hypnose…). Vous avez tout à fait la possibilité de faire des préparations à la naissance avec une sage-femme libérale différente de celle qui fait votre suivi de grossesse.

Vous pouvez commencer ces séances à partir de 24 SA car il n’y a plus d’avance de frais. Ces séances seront précédées de l’entretien prénatal précoce au 4e mois pour établir un plan pour la préparation à la naissance. 

Qu’en est-il du retour à la maison ? 

Il y a quelques années, ces visites à domicile n’existaient pas vraiment car les couples restaient plus longtemps à la maternité. Désormais, les séjours sont réduits mais tous les parents ne sont pas encore à l’aise avec leur bébé et des surveillances sont encore à effectuer. Ainsi les visites à domicile de retour de la maternité ont été mises en place et sont assurées par les sages-femmes. Avant que Lucie nous explique comment se déroulent ces rendez-vous, elle explique d’une prise de rendez-vous durant la grossesse avec une sage-femme pourrait être intéressante afin d’assurer votre suivi à la maison post-partum. Ce rendez-vous permettra à la sage-femme de vous rajouter dans ses patientes, ainsi elle aura en tête d’avoir un créneau pour vous lors du post-partum.  Les visites permettent de refaire un point médical pour la maman (la cicatrisation, les saignements, les douleurs …) et le bébé (le poids, surveillance du cordon)… Ce contact permet aussi d’être plus proche des patientes, d’avoir un retour sur leur organisation car à la maternité tout est à portée de main et sur place contrairement au domicile. Ces visites permettent de répondre à plusieurs questions des familles, observer l’environnement (de couchage par exemple)…

Les visites à domicile sont prises en charge par la sécurité sociale jusqu’au douzième jour après la naissance.

Et après, on est livré à soi-même ? 

Non, Lucie nous explique qu’il a toujours existé des séances post-natales, peu connues mais sur le même principe qu’une séance de préparation à la naissance. Et depuis peu (2022), l’entretien post-natal précoce a fait son apparition. Il s’agit d’une consultation entre 4 et 8 semaines post partum pour faire de la prévention et dépister une éventuelle dépression post-partum. Ce n’est pas un rendez-vous médical.

Ensuite, il y a un rendez-vous entre 6 et 8 semaines pour le rendez-vous post-partum avec un examen clinique et des surveillances en lien avec l’accouchement et le post-partum ; et si besoin pouvoir enchaîner sur un suivi gynécologique (contraception, palpation…). Ce rendez-vous permet aussi d’évaluer le besoin de la rééducation du périnée.

Comment cette rééducation se déroule ? 

Les sages-femmes et les kinésithérapeutes peuvent faire la rééducation du périnée. Les exercices sont souvent différents (manuels ou électrostimulation) en fonction de la profession.   

Il est important de savoir que vous pouvez faire de la rééducation du périnée toute votre vie (à partir du moment où vous avez eu au moins un accouchement). L’ordonnance pour consulter une sage-femme n’est plus obligatoire, la sage-femme peut prescrire elle même. 

En cette journée consacrée aux sages-femmes, merci à elles pour leur bienveillance, pour leur connaissance des femmes, pour celles qui nous/vous aide à donner la vie, pour celles qui vous expliquent, vous rassurent, prennent le temps, posent leur main sur la vôtre, vous épaulent… MERCI à toute cette profession de réaliser un métier complexe mais encore peu reconnu. 

Pour conclure, Lucie nous rappelle qu’entre 15 et 25 ans, les jeunes filles peuvent consulter gratuitement (et anonymement) une sage femme pour faire un point niveau gynécologie. Elle explique qu’il est important d’avoir un contact avec un sage-femme pour faire un point afin d’éviter un rendez-vous en urgence avec une personne que vous n’avez jamais rencontrée. 

PMI : protection maternelle infantile
PMA : procréation médicale assistée


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