Une gastro-entérite l’emmène à tout jamais

Aujourd’hui, le 7 mai 2023, est la journée nationale des mères endeuillées. Personne ne peut comprendre cette douleur atroce que de perdre son enfant, cette douleur qui n’est pas dans la normalité de la vie. 
Pour notre témoignage du jour, ce n’est pas vraiment un témoignage comme les fois précédentes. Cette histoire, je la connais presque par cœur car elle touche ma famille et en particulier ma marraine et son mari. Ainsi ma plume n’aura pas la même distance que pour les autres témoignages, mes émotions transparaîtront certainement davantage. 

Carol est la maman de trois enfants, elle est mariée à Franck depuis plus de 20 ans et ils sont maintenant buralistes. Ils se sont rencontrés à l’âge de 18 et 21 ans et leur vie a été semée d’embûches. Lorsque Carol avait 25 ans, elle est tombée enceinte d’une petite fille qui est partie à cinq mois de grossesse. Elle a ensuite eu Jérémy en 1998, puis Zoé qui a maintenant 17 ans et Robin qui a 15 ans. 
C’est l’histoire tragique de Jérémy et ses parents que vous allez lire aujourd’hui. 

Jérémy est né le 22 août 1998, le même jour que sa maman, Carol. Quel beau cadeau d’anniversaire ! Carol et Franck sont heureux, ils prennent peu à peu leur marque dans leur nouveau rôle de parents. Les grands-parents sont présents pour épauler.  Carol est une jeune maman au foyer et elle peut donc s’occuper de Jérémy à 100%. Jérémy va quelques heures par semaine à la halte-garderie avec des copains de son âge. C’est alors un petit garçon en très bonne santé.

En janvier 2001, Jérémy tombe malade et  Carol et Franck consultent leur médecin habituel, qui leur confirme la gastro et leur donne les conduites à tenir : hydratation et reprise de rendez-vous si ça ne s’améliore pas. Alors, Carol et Franck rentrent chez eux et s’occupent de lui : ils font tout pour hydrater Jérémy mais constatent que ca ne va pas mieux. Ils décident donc de retourner voir leur médecin de famille qui leur répète les mêmes consignes et qui les rassure sur le fait qu’il n’y a rien de nouveau. Le 11 janvier 2001, après plusieurs jours de vomissements et de diarrhées, les parents de Jérémy sont de nouveau très inquiets et décident de reconsulter. . Dans la salle d’attente, Jérémy est dans les bras de son papa, il est très très faible et se met à vomir. Il inhale alors son vomi et Franck et Carol hurlent afin que le médecin sorte de son bureau. Celui-ci pose Jérémy sur la table d’auscultation et commence à le masser. En effet, Jérémy est alors en arrêt cardio-respiratoire. Le massage est commencé, puis arrêté, il sort du bureau, pour appeler le SAMU mais n’ordonne rien et personne ne prend son relai pour le massage. Il avait pourtant des confrères médecins. Les pompiers et le SAMU arrivent au cabinet médical et poursuivent le massage cardiaque. Franck et Carol sont là, debout, à côté de ce si petit corps inanimé, ce corps qui est celui de leur fils, la chair de leur chair… Le médecin du SAMU constate le décès sur place, Jérémy n’aura même pas pu être réanimé une seule fois. 

Le 11 janvier 2001, Jérémy, 2 ans et demi, décède d’une inhalation à la suite d’une gastro-entérite. 

Les grands-parents maternels de Jérémy portent plainte contre l’ordre des médecins. En parallèle, il y a une enquête comme pour tout décès d’enfant. Le procureur porte plainte contre le médecin et les parents de Jérémy se constituent parties civiles afin d’avoir accès au dossier de l’enquête.

Un jugement a lieu en 2002. Les différentes parties passent à la barre : le médecin mais aussi les parents. Le verdict tombe : chacune des deux parties est jugée responsable à 50%. Franck et Carol doivent ainsi percevoir une somme d’argent. Néanmoins, ils ne sont pas satisfaits du verdict et demandent à leur avocat de faire appel. Ce dernier le leur déconseille mais Carol écrit une lettre au procureur général lui expliquant qu’elle regrette ce verdict d’une responsabilité partagée. Celui-ci, après lecture de la lettre, décide de faire appel. 

Quelques années plus tard, le jugement en appel à lieu. Le médecin écope alors d’un an de prison avec sursis et les parents touchent une somme plus importante. La parité des responsabilités n’est plus remise en cause mais un jugement, quel qu’il soit, ne sera jamais vraiment satisfaisant pour la perte d’un enfant. 

Carol et Franck ont été suivis par des psychologues. Reprendre goût à la vie n’a pas été évident. Zoé et Robin ont permis à leurs parents de remonter un peu la pente mais les anniversaires de décès et de naissance restent toujours très compliqués. 


Mon petit mot très personnel : 

Cette histoire me touche car mon cousin était mon binôme. Carol, ma marraine, et Franck sont des personnes de ma famille avec qui les liens sont indescriptibles. Une proximité, une affection, un amour… quelque chose qui ne s’explique pas. 
J’avais 4 ans au moment des faits, mais Jérémy reste gravé dans ma mémoire et les vidéos et photos m’aident à ne pas oublier. Désormais, il est très compliqué pour nous de vivre de nouvelles gastro-entérites chez les jeunes enfants de notre famille (Zoé, Robin ou ma fille). Cela ravive nos angoisses.

Repose en paix Jérémy. 


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